A Montmartre, les passionnés de la pétanque sont tendus. Alors que le Club Lepic Abbesses Pétanque (CLAP) occupe les lieux pendant presque plus d’une cinquantaine d’années, il est sur le point de perdre face à la mairie. En effet, la commune a entamé un appel à projets visant à l’occupation de ce territoire situé dans l’avenue Junot.
Le Club Lepic Abbesses Pétanque menace de fermer ses portes
La CLAP s’est lancé dans une pétition qui ne tardera d’ailleurs pas à obtenir les 5 000 signatures. En effet, celui-ci est réticent face aux initiatives de la mairie. Il pourrait alors bien fermer, si la commune met en œuvre sa menace d’expulsion. Notons que le suspense est à son comble depuis la fin du mois de septembre dernier.
Pour la petite histoire, cette place est très significative pour notre club. Cela fait un peu plus de 50 ans que ce terrain situé dans le 18e, à l’avenue Junot de Montmartre est un lieu de rassemblement pour les membres du Club Lepic Abbesses Pétanque. Notons que cet endroit compte désormais huit terrains de pétanque que 257 joueurs de pétanque professionnels côtoient.
En soi, il s’agit d’un véritable petit paradis pour les adeptes de la pétanque. Malheureusement, la chance ne semble pas être du côté du CLAP. Le 30 septembre dernier, un appel à projet a été lancé par la mairie parisienne. Elle concerne la parcelle occupée par l’organisme dans le but d’octroyer « un titre d’occupation du domaine public ». Inévitablement, cette annonce ne rassure pas les membres qui adhèrent à l’association pétanque.
Les avis des adhérents à la CAP
L’expulsion du CAP, c’est tout un univers qui s’écroule pour plusieurs seniors qui disent ne pas vouloir se rendre dans un Ehpad dans l’immédiat. Puis, le fait d’arpenter l’avenue Junot, de franchir le grand portail au 23, de poursuivre par la petite porte et d’entendre le bruit des boules de pétanque s’entrechoquer est devenu une telle habitude, qu’il est impensable d’imaginer que ce ne sera plus qu’un souvenir plus tard. Depuis 1972, cette parcelle de Montmartre se caractérise par une verdure subjuguant sur lesquels sont instaurés huit terrains de pétanque.
Sur un terrain, des dizaines de trentenaires se défilent pour jouer leur activité favorite. Sur un autre, on retrouve des jeux mixtes qui s’enflamment à l’idée de parfaire leur tir. Puis, il y a les plus anciens membres du club qui sont là depuis la conception même du CLAP. Pour certains d’entre eux, se rendre au CLAP est un incontournable. Cela rappelle Montmartre lors de la belle époque. Notons que le CLAP a été réputé pour être un endroit chaleureux et où il n’y a pas de discrimination. C’est pourquoi, après la lecture ou le jogging matinal, c’est le cadre idéal pour s’amuser, rencontrer ses amis tout en profitant du soleil.
Une adhérente au club ne manque également pas d’émettre ses propos en ce qui concerne cette menace. « Ça m’embête » dit-elle. « … pour ne pas dire un gros mot et je suis prête à faire de la résistance. Je vais devenir mamie fait de la résistance pour que le club reste ici. Je n’ai pas envie d’aller dans un Ehpad tout de suite moi et j’ai besoin d’aller dans un lieu où il y a de la vie et ce club est le lieu tout désigné ».
Tout espoir n’est pas perdu
Dans tous les cas, avec l’annonce de la mairie, l’ambiance devient lourde au sein du CLAP. Tous ont peur que leur endroit fétiche ne ferme. C’est, en effet, regrettable de voir un endroit tel celui-ci toucher à sa fin. Mais tout n’est pas encore joué ! Les membres sont prêts à se battre pour démontrer qu’il s’agit bien d’un lieu qui intéresse et qui mérite d’être préservé.
Les raisons derrière cette décision de la Mairie de Paris
Hormis les émotions qui se sont succédé au sein du CLAP, il faut noter que la mairie parisienne a aussi son mot à dire là-dessus. Ce n’est pas uniquement pour nuire au club de pétanque que celle-ci a lancé son appel d’offre le 30 septembre. Il faut souligner que le CLAP siège déjà dans ce coin de paradis depuis 1972. A cet effet, il a reçu l’aval de la Direction des parcs et jardins, ce qui leur a permis d’y rester gratuitement, et ce, depuis une cinquantaine d’années aujourd’hui.
Pour information, la seule obligation de l’entité étant de bien prendre soin du gazon et du jardin sur place. La verdure de cette parcelle de 750 mètres carrés est capitale. Elle fait partie intégrante de l’histoire de Paris, d’où son surnom « maquis de Paris ». Selon la municipalité, une convention devrait être faite entre la Mairie et le club. Or, malgré la demande de la Mairie, celle-ci est toujours inexistante à ce jour.
Tout a commencé il y a des mois où la mairie a eu vent d’un projet d’hôtel particulier. Cette démarche a contraint la commune à édifier cet appel à projet, comme le stipule le conseiller Jean-Philippe Daviaud. Selon lui, une ordonnance Sapin a été émise en 2017, admettant à ce que « tout usage du domaine public donne lieu à une mise en concurrence pour établir ensuite une concession ». L’expulsion du club n’est donc pas le souhait de la municipalité. Au contraire, cette dernière cherche à ce que le CLAP fournit son dossier. Etant donné son ancienneté et la pérennité de son activité, ce dossier pourrait jouer en sa faveur en prouvant sa singularité. Il se peut même que ce soit le projet qui l’emporte.
La municipalité rassure et s’explique sur le cas de l’avenue Junot
A peine l’appel de projet a été annoncé dans les médias que les membres CLAP ont décidé de se mobiliser. Après la manifestation, il y a eu aussi une signature de pétition, ainsi qu’un buffet pour faire découvrir le club au reste du quartier. Selon de nombreux joueurs de pétanque, devenir un licencié de la CLAP n’a pas été une mince affaire, et c’est aussi une aubaine de pouvoir pratiquer dans un tel endroit dans la métropole. On sait également que suite aux événements, le club a décidé de modifier son bureau.
D’après Maxime Lioger, le responsable communication de l’association, il s’agit d’un projet à la fois associatif et sportif. « L’idée serait alors de maintenir le lieu tel qu’il est ». Il convient ensuite de devenir plus ouvert aux autres organismes. « On veut faire participer les plus jeunes et le mot d’ordre est de s’ouvrir encore plus aux autres… Chose importante, en cas de mise à la porte le club n’a aucune solution de repli pour ses 257 adhérents » martèle-t-il.
Ainsi, tout individu disposant d’un projet pétanque concernant l’avenue Junot devra faire un dépôt de dossier à la mairie d’ici le lundi 28 novembre à 17 h. Cette date est alors décisive. Une constitution aura ensuite lieu avant la fin du mois de janvier de l’année prochaine, ce qui sera suivie par une commission et de l’attribution définitive du lieu au projet triomphant en fin avril. Cette décision sera le résultat de la délibération au niveau du Conseil de Paris.